Comment choisir son lieu d’habitation sans voiture ?

vignette_deplacements_lightbox

On l’a vu plusieurs fois : ne pas posséder de voiture peut être un choix ou une contrainte.

Quelque soit la raison, ne pas se déplacer en voiture dans une société qui dirige les gens vers le tout automobile nécessite certains choix et certaines contraintes dans le choix de l’habitation.

Il est évident que cet article ne s’adresse pas aux personnes qui se déplacent en automobile et qui auront d’autres critères de choix (choisir un emplacement loin des bouchons, un endroit où la voiture pourra être stationnée en sécurité, repérer les points de ravitaillement en carburant disponibles, etc.).

Il ne s’agit pas ici de porter un jugement de valeur sur le bien-fondé du déplacement automobile mais de mettre en avant les critères majeurs de choix d’un logement lorsqu’on se déplace autrement.

Ainsi, il est important de noter que c’est bien le conditionnement du déplacement qui influera sur le choix du logement et non l’inverse. Toutes les personnes affirmant aujourd’hui qu’elles sont dépendantes de leur automobile pour aller travailler n’auraient jamais pu faire leurs choix de logement ou de travail si elles avaient été dans l’incapacité de conduire.

C’est donc l’automobile qui a permis un certain éloignement des distances et non l’éloignement des distances qui a impliqué l’usage obligatoire de la voiture.

Avant toute chose, il faudra noter que le budget mensuel moyen (que ce soit pour un loyer ou pour les traites d’un crédit) est légèrement augmenté lorsqu’on ne possède pas d’automobile : pas d’assurance, pas de frais d’entretien, pas de carburant, pas de crédit auto, le deuxième poste de dépense des ménages peut passer entièrement dans le premier : le logement.

Contrairement aux idées émises par les défenseurs de la « nécessité de la voiture », les déplacements en voiture correspondent principalement aux populations aisées et les autres modes de déplacements touchent principalement les moins aisées (source : Insee)

Le choix se fera principalement sur la première raison de déplacement quotidien : le lieu de travail.

Deux situations se présentent (avec une troisième : celle du travail à domicile ne nécessitant pas de déplacement) :

Lorsqu’on est à la recherche d’un travail, il sera préférable de cibler les logements à proximité des bassins d’emploi que l’on vise (pépinières d’entreprises, centres-villes, centres d’affaires, centres commerciaux) ou à proximité d’un hub de transports en commun desservant les principaux bassins visés (zones industrielles, aéroports, gares, hôpitaux, écoles, etc.).

Contrairement à une autre idée reçue, ces endroits ne sont pas nécessairement situés en zones urbaines (beaucoup de zones commerciales, de zones industrielles, de gares ou d’aéroports disposent de transports en commun les reliant à des zones rurales proches par exemple).

Lorsque l’on possède déjà un emploi, l’idéal est bien évidemment d’habiter le plus proche possible de celui-ci, mais il peut également être intéressant d’habiter à proximité de transports en commun reliés à ce dernier afin d’envisager un éventuel changement.

Le plus difficile n’est finalement pas d’habiter proche de son emploi (les lieux de travail ne sont pas nécessairement situés à côtés de logements onéreux) mais d’habiter proche des deux emplois d’un ménage.

Si les deux personnes ou si l’une des deux est en recherche d’un emploi, les critères ne changeront pas beaucoup : il s’agira d’habiter un endroit permettant de se rendre à un maximum d’emplois.

Si les deux personnes possèdent déjà un poste, la situation est plus compliquée. L’idéal est de trouver un logement proche de l’un des deux lieux de travail et proche d’une gare : l’un pourra ainsi s’y rendre en transport et l’autre en vélo/à pieds ou autre.

Il existe évidemment des situations ou il n’est pas possible de se passer de voiture pour au moins l’un des deux postes : ces situations sont en générales induites par un choix initial réalisé avec l’idée d’un déplacement automobile. Dans le cas contraire, il n’y aura d’autre choix que de changer de travail pour l’un des deux (pour rappel, cet article s’adresse à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas utiliser d’automobile).

Dans le cas d’une activité salariée, l’autre critère principal pour les personnes qui ont ou qui souhaitent avoir des enfants sera la présence proche de crèche, de nourrice ou d’école : s’il faut choisir, il vaut mieux habiter plus proche de ces lieux que de son travail, il en ira de l’autonomie future des enfants qui ne peuvent de toute façon pas conduire et cela permettra de les déposer rapidement en n’impactant son trajet domicile – travail que de quelques minutes.

Là encore, il n’est pas nécessaire d’habiter en pleine zone urbaine dense, la plupart des petites villes de quelques milliers d’habitants possédant une école.

Un critère important également est la possibilité de se ravitailler : épiceries, supérettes, petits commerçants seront idéalement situés à 10 km maximum.

Et enfin, un dernier critère indispensable pour les personnes qui souhaitent se déplacer régulièrement au-delà de leur zone de vie (aller voir de la famille ou des amis à l’autre bout du pays, partir en vacances) : s’assurer de pouvoir être relié facilement à une gare nationale, soit en habitant proche de cette gare, soit en habitant proche d’une petite gare la reliant directement.

Tous ces critères peuvent sembler restrictifs et le sont (la société tendant de plus en plus vers le tout voiture), mais ils offrent pourtant une grande variété de choix couvrant un large éventail de budgets et une large palette de milieux différents (de la petite ville de quelques milliers d’habitants à la grande agglomération en passant par les petites banlieues, sans oublier la campagne éloignée de tout pour ceux qui souhaitent vivre de la campagne).

Pour ceux qui souhaitent utiliser leur voiture pour la totalité de leurs trajets et être propriétaire de leur pavillon, les lotissements périurbains restent la référence.

En quoi favoriser la société de l’automobile handicape une partie de la population

2014-03-03_0841

Contrairement à ce qu’avancent beaucoup d’automobilistes, la voiture est un luxe et tout le monde n’y a pas accès.

Plusieurs commentaires sur les précédents articles de ce blog l’ont montré : beaucoup pensent que se passer de voiture est une chance que tout le monde n’a pas et que, la situation de beaucoup obligeant à prendre la voiture même contre son gré, et la plupart des personnes prenant conscience des problèmes liés à la sur-présence de l’automobile, il est préférable d’encourager les solutions alternatives à la voiture à base de … voiture.

Entre autres exemples : le covoiturage, l’autopartage, la voiture électrique, etc.

Comme présenté dans l’article sur l’autopartage, le problème de ces solutions est qu’elles ne remettent pas en cause la société de l’automobile : elles maintiennent la voiture comme élément indispensable pour certaines situations ou pour certains choix de vie et conforte donc les choix de vie impliquant l’utilisation d’une voiture, comme le fait d’habiter loin de son travail ou des services.

Le problème est que tout le monde n’a pas la possibilité de conduire : certains n’ont pas les moyens de passer le permis de conduire, d’autre ont une incapacité physique ou mentale à conduire, certains autres ont perdu leur permis, d’autre encore ont simplement une aversion pour la conduite, etc.

Or toutes ces personnes se retrouvent contraintes à utiliser d’autres moyens de transport tels que les transports en commun, le vélo, la marche, les rollers ou autre, selon les capacités, les volontés et le budget de chacun.

Aujourd’hui, il est encore possible de faire le choix de ne pas utiliser de voiture (voir l’article sur les idées reçues sur la nécessité de l’automobile), mais il est rendu de plus en plus compliqué : la preuve, certains vont jusqu’à penser qu’il est impossible de s’en passer à notre époque.

Ceci est grandement dû au fait que l’automobile encourage l’automobile et que la société s’est et se construit autour des déplacements motorisés sans tenir compte des laissés pour compte qui n’ont pas accès à l’automobile ou de ceux qui ne veulent pas l’utiliser par convictions personnelles (parmi lesquelles celle de ne pas favoriser la société de l’automobile pour les raisons citées).

Lorsque l’on prend en compte le fait que ces personnes peuvent être de potentielles victimes de l’insécurité de la circulation automobile, des conséquences de la pollution atmosphérique, des frais engendrés par et pour l’automobile reportés sur les impôts de tous, on peut se demander si devoir se passer de l’automobile est réellement le luxe vanté par les personnes « obligées » de l’utiliser.