Les réactions à mon précédent article sont intéressantes. Les gens semblent accepter globalement de diminuer leur utilisation automobile mais à une condition : pouvoir y avoir accès au moindre prétexte, justifié ou non selon les points de vue.
La diminution du trafic automobile est une bonne chose : elle fluidifie le trafic, diminue la quantité de gaz polluants rejetés, réduit le risque d’accidents et occupe moins d’espace public.
C’est évidemment une étape importante qui va dans le bon sens mais qui reste encore loin de l’idéal.
La présence régulière de voitures maintient la possibilité d’accéder à de lointaines distances à tout moment et n’incite donc pas à un rapprochement des services, des loisirs et des commerces.
Tant que la voiture sera ce qu’elle est aujourd’hui (accessible facilement, quand et où l’on veut), elle maintiendra d’elle même toutes les justifications à l’utiliser : l’automobile a créé un écosystème qui doit se maintenir pour qu’elle puisse prospérer.
Elle maintient donc une nécessité de déplacements, et donc de perte de temps, de gaspillage d’énergie et de dégradation de l’environnement pour des activités élémentaires.
Tout ceci sans compter la proche arrivée de pénurie de pétrole et ses alternatives peu avenantes (le nucléaire nécessaire au remplacement du parc automobile actuel par un parc électrique représentant un danger trop important et la production d’agrocarburants exploitant des terres arables nécessaires à l’alimentation).
La réponse de la plupart des automobilistes, même très occasionnels, est évidente : c’est malheureux, mais on n’a pas le choix.
Et si on l’avait ? Peut-on à présent imaginer un monde où la voiture deviendrait extrêmement minoritaire, à tel point qu’elle serait obligée de s’adapter aux structures cyclables, piétonnes ou de transport en commun pour circuler et qu’elle ne serait accessible qu’à certaines heures, certains jours (aux ouvertures d’agences permettant de louer des véhicules spécifiques, par exemple).
Ce monde serait assez simple à mettre en place dans l’idée, mais évidemment plus complexe dans la réalité, la société s’étant bâtie depuis presque 100 ans autour du déplacement automobile.
Il faudrait évidemment une volonté politique forte pour tout changer et pour favoriser les points essentiels :
– Un rapprochement des services, des commerces, des lieux d’activités et des emplois lié à une redistribution villes/campagnes plus équitable et amenant à une disparition des banlieues actuelles
– Une forte densification du réseau de transport en commun avec un véritable maillage de proximité liée à une forte diminution des tarifs (certains scénarii arrivent même à la gratuité de ces derniers) et une prise en charge facilitée des vélos avec remorque pour favoriser la multimodalité (pour partir en vacances avec bagages et enfants par exemple)
– L’acceptation par les personnes physiquement valides d’utiliser la bicyclette pour les trajets inférieurs à 10 km et la possibilité d’envisager occasionnellement de pousser jusqu’à 15 km (toute personne physiquement valide en est capable), une assistance électrique étant toujours possible pour les cas les plus compliqués.
Mais imaginons à présent que ce monde existe, serait-il accepté (et déjà souhaité) par les « 40 millions d’automobilistes » auto-proclamés ?
La voiture est-elle effectivement un mal nécessaire car n’ayant aucune alternative dans certains cas où est-elle un choix de satisfaction personnelle et de plaisir personnel souvent mal assumé ?
Y a-t-il une véritable addiction à la voiture où pourrait-on tous s’arrêter de l’utiliser demain si le monde le permettait ?