L’étalement urbain en question

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Lorsqu’on habite en ville, on n’a pas besoin de voiture. Elle représente le moyen de transport le moins adapté à cet environnement et est bien souvent plus contraignante qu’utile.

Alors que rares sont les citadins à défendre l’utilisation de la voiture en ville, on entend souvent cette réplique « je vis à la campagne donc je suis bien obligé ».

A la campagne, vraiment ? Qu’est-ce que la campagne ? Est-elle représentée par de vieilles maisons esseulées au milieux d’exploitations agricoles ou fermières ? Est-elle représentée par de vieux villages ou hameaux traditionnels ? Ou bien est-elle représentée par des zones pavillonnaires faites de maisons récentes et de nombreuses rues quadrillant une zone construite pour attirer le citadin vers l’espace et le calme ? Ces villes-dortoirs sont-elles représentatives de la campagne ?

Autrefois, les petits villages de campagne étaient des lieux vivants, accueillant de petits commerces et de petits artisans permettant d’assurer les besoins de la vie quotidienne de leurs habitants.

Puis est arrivé l’exode rural qui a vidé ces villages et qui a causé la fin de nombreux petits commerces, d’artisans et de lieux de vie commune pour attirer les gens vers la ville et ses promesses, ses services municipaux, son offre de travail, ses boutiques et ses grands commerces.

Puis la ville a fini par lasser, et les citadins ont voulu retrouver le grand air et l’espace des campagnes, alors ils sont repartis loin de la ville … dans les villages ? Non, car on rêve de grands espaces mais on n’est pas prêt pour autant à abandonner les services et le confort qu’offrent la ville.

On veut vivre « à la campagne », mais avec Internet, avec les services municipaux à proximité et en pouvant accéder à n’importe quel moment aux commerces et aux services de la ville qu’on a quitté.

Alors on crée des lotissements ou les maisons individuelles poussent comme des champignons et on y amène le confort de la ville sans ses inconvénients.

Pour les services de proximité, on oblige à de nouvelles dépenses pour recréer plus loin ce qui existe déjà en ville : une extension du réseau électrique et de gaz, du réseau de télécommunication et bien entendu, la construction de routes et l’utilisation massive de la voiture pour de nombreux trajets réguliers.

Contrairement aux villages traditionnels qui se sont construits autour de communautés vivant ensemble et ayant des besoins communs amenant à la création de petits commerces et contrairement aux villes ou la densité de la population est telle que les services et commerces sont sûrs d’être rentables, les villes-dortoirs n’accueillent bien souvent que d’ex-citadins encore attachés aux villes-centres sur de nombreux points tels que le travail et leur faible densité ne permet pas la création viable de commerces et de services aussi importants que ceux existants en ville.

Le résultat est évident : la voiture devient une nécessité pour de nombreux trajets pendulaires entre la ville-dortoir et la ville-centre et de vastes ensembles tels que les centres commerciaux sont construits pour permettre la consommation commune de plusieurs « villes » de la zone périurbaine.

Les rurbains étant bien souvent d’ex-citadins eux-mêmes descendants d’ex-ruraux, les campagnes sont restées vides et les commerces et lieux de vie commune n’ont pas pu reprendre, impliquant également l’utilisation massive de la voiture dans les campagnes traditionnelles.

L’étalement urbain, cause de la voiture à outrance ou conséquence de la facilité de déplacement amenée par celle-ci ?

Un article très intéressant à ce propos : http://base.citego.info/fr/corpus_analyse/fiche-analyse-61.html

Le conditionnement de la vitesse : Doubler pour doubler

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Je ne surprendrai personne en concédant qu’un vélo va moins vite qu’une voiture sur une ligne droite sans obstacle.

Il est donc normal qu’à vélo, sur de longues routes départementales ou communales (je déconseille les nationales), on se retrouve à être doublé par des engins limités à 90 km/h pendant que les plus sportifs d’entre nous ne dépasseront pas les 30 km/h de moyenne (je parle de déplacement et non d’entraînement sportif).

En ville, la donne est différente : de nombreux obstacles freinent la progression des voitures et la moyenne dans les centres de certaines d’entre elles est même bien inférieure à celle des vélos.

Là encore, malgré tout, sur une longue ligne droite entre deux feux, la voiture étant autorisée à rouler jusqu’à 50 km/h, il peut sembler logique de la voir dépasser un vélo tant qu’elle respecte le mètre minimum imposé en agglomération (note aux automobilistes qui frôlent en dépassant : imaginez un 33 tonnes vous doubler en vous rasant de très près. Vous conviendrez que la situation n’est pas très agréable).

Maintenant, penchons nous sur l’utilité du dépassement : celui-ci sert à continuer à avancer lorsque le véhicule qui précède est trop lent pour permettre de maintenir sa vitesse, à moins d’être en pleine compétition sportive, il n’a pas d’autre utilité.

La logique veut donc qu’on ne double un véhicule que si l’on est assuré de continuer à aller plus vite que lui une fois le dépassement effectué.

Il est donc totalement inutile de doubler : à l’approche d’un rond-point, à l’approche d’un feu rouge, à l’approche d’un stop, à l’approche d’un carrefour sans être sûr d’avoir la priorité ou sans s’être assuré avant qu’aucun obstacle ne viendra perturber sa progression en maintenant sa vitesse.

Arriver à un feu, à un stop ou à un rond-point juste avant un vélo qui arrivera quelques secondes plus tard n’a strictement aucun intérêt : il n’y a rien à gagner, ni récompense, ni temps : si le vélo arrive quelques secondes plus tard, c’est bien la preuve que le temps gagné est nul. Il sera toujours temps de doubler plus tard.

Doubler un vélo juste avant d’entrer dans un propriété ou juste avant de se garer n’est pas utile non plus : les secondes précieusement gagnées à arriver absolument avant la bicyclette sont déjà perdues lors de la manœuvre nécessaire pour entreprendre le dépassement.

Si le ridicule de la situation avait été le seul enjeu, un article n’aurait peut-être pas été utile : le réel problème est la mise en danger que représentent ces dépassements inutiles.

Dans tous les cas cités, le dépassement est inutile car la vitesse de la voiture sera fortement freinée une fois celui-ci exécuté : au mieux, la voiture deviendra alors à son tour l’obstacle, la courtoisie voulant qu’on ne double pas si c’est pour devenir à son tour un obstacle gênant.

Dans le pire des cas (le plus fréquent), la situation présentera un risque de percussion lorsque la voiture sera obligée de freiner (voire de piler) juste après le dépassement : doubler juste avant un rond point ou juste avant un cédez-le-passage sans avoir vu ce qui allait arriver est extrêmement dangereux.

Et puisqu’il est obligatoire de ralentir à l’approche de ces signaux, autant ne pas doubler et attendre de les avoir passés, le temps gagné sera strictement identique !